Depuis l’effondrement du système de Bretton Woods, l’absence de cadre de fixation multilatéral des taux de change a mené à un environnement dominé par le chacun pour soi, dans lequel chaque Etat s’est retrouvé libre de poursuivre ses propres intérêts.
L’arme monétaire est ainsi redevenue un outil privilégié d’intervention des Etats en faveur du développement commercial, en leur permettant de gonfler artificiellement leur compétitivité. L’intervention chinoise sur le renminbi, dont on estime la valeur sous-évaluée de près de 40%, a ainsi joué un rôle majeur dans le développement économique du pays par ses exportations.
L’amplification des phénomènes de manipulation monétaire s’est traduite par une augmentation de la spéculation internationale sur les monnaies. Les pays qui refusent l’interventionnisme ont vu leurs monnaies s’envoler, avec des conséquences parfois désastreuses pour leur compétitivité.
Par des opérations dites de carry-trade, les spéculateurs profitent des différentiels de taux d’intérêts – très faibles dans les pays développés – pour investir dans les pays en développement. Au Nigéria et dans la zone Franc, les monnaies se sont appréciées de 10% à 15% au cours des 6 derniers mois. L’appréciation a même atteint 28% dans la zone rand, faisant planer la crainte de bulles spéculatives.
Pour les économies d’Afrique dollarisées ou arrimées au dollar – RD Congo, Zimbabwe -, l’assouplissement quantitatif américain mène au renchérissement des produits de première nécessité pour les populations les plus vulnérables.
Plus que jamais, il est urgent pour les pays d’Afrique de s’immuniser contre les travers de la dérégulation des échanges financiers et des fluctuations monétaires. Face à l’absence de consensus sur une réforme de l’architecture financière internationale, à eux d’ouvrir la voie en proposant des solutions à l’échelle régionale.
Modérateur : Alexandre Kateb, Directeur général de COMPETENCE FINANCE