• Plan de relance chinois : les raisons d'un succès

    Contrairement aux Etats-Unis où le plan de relance de 787 milliard de dollars signé en début d'année par le Président Barack Obama tarde à montrer des effets positifs, avec un chômage qui frôle désormais les 9%, et une situation industrielle qui ne se redresse toujours pas (indice ISM toujours sous la barre des 50), la Chine semble en passe de réussir son pari.

    Le plan de 4000 milliard de yuans (585 milliard de dollars) annoncé en décembre dernier par les authorités de Pékin commence en effet à produire des effets, qui plus est conséquents sur la demande domestique. On assiste ainsi à une multiplication par cinq - du jamais vu ! - des nouveaux crédits au secteur privé en juin 2009 par rapport à l'année dernière, et à une croissance de 48% des ventes de voitures ce même mois par rapport à juin 2008. Au total, les ventes de voitures ont crû de 18% sur les six premiers mois de l'année par rapport à la même période l'année dernière. 

    De la même façon, le secteur immobilier connaît une véritable embellie. Les prix des logements ont augmenté pour la première fois en juin en variation annuelle et les transactions immobilières ont crû de près de 10% au premier semestre 2009 par rapport au premier semestre 2008. 

    La hausse de la consommation et la reprise de l'investissement résidentiel se traduisent par une reprise de la production industrielle, et une hausse de la demande pour les matériaux comme l'acier ou l'aluminium. Le cercle vertueux de la croissance s'est enclenché, malgré des exportations qui restent toujours en berne. Les investisseurs ne s'y trompent pas. La bourse de Shanghai a continué sa progression, avec une croissance de plus de 60% cette année, alors même que les bourses des pays développés commencent à s'essoufler après avoir réalisé que la sortie de crise aux Etats-Unis et en Europe allait être beaucoup plus laborieuse que prévu (voir notre billet à ce sujet).

    Pourquoi le plan chinois semble réussir là où les plans américain et européen semblent échouer, malgré un discours très volontariste  ?

    L'explication est simple.

    Tout d'abord le plan de relance chinois est beaucoup plus massif, rapporté à la taille de l'économie (avec 14% du PIB) que les plans de relance américain (5% du PIB avec des dépenses étalées pour certaines sur 10 ans) et a fortiori européen (à peine 1% à 2% du PIB, le gouvernement français s'étant montré particulièrement timoré dans ce domaine). Il est vrai que dans le cas européen, les dépenses sociales étant plus larges, le rôle des stablisateurs automatiques est beaucoup plus important qu'aux Etats-Unis et a fortiori qu'en Chine où l'Etat-providence n'existe pas. Mais même en corrigeant de ces différences institutionnelles, la Chine bat à plate couture ces deux grandes zones avancées en terme d'effort financier. L'absence de protection sociale y est "compensée" par un taux d'épargne nationale qui frise les 50% du PIB, permettant d'absorber les chocs de revenu négatifs et d'assurer que les ressources supplémentaires injectées par le gouvernement seront effectivement dépensées par les ménages et les entreprises. Le problème des mingong, ces quelques 300 millions ouvriers "sans domicile fixe" dont 30 à 50 millions ont perdu leur emploi et devront par conséquent retourner dans leurs provinces rurales, est moins grave que ce qu'on a pu en dire. Il affecte peu la dynamique de consommation globale du pays, animée par les classes moyennes urbaines, ayant accès au crédit, au besoin en hypothéquant les appartements dont ils sont devenus propriétaires à la suite de la réforme immobilière des années 1990.    

    Ensuite, le plan de relance chinois est beaucoup plus ciblé et mieux coordonné que les plans américain et européen.

    Le gouvernement chinois a agi sur les deux leviers les plus importants de la demande domestique : la consommation de biens durables et l'investissement résidentiel. Il a accordé des aides massives aux ménages (crédits à taux bonifiés, baisses d'impôts, aides directes à l'achat de nouvelles voitures et d'électroménager) pour relancer leur consommation et leur investissement immobilier. Le relâchement du crédit bancaire, avec la disparition des quotas de prêts qui avaient été mis en place en 2007-2008 pour calmer la surchauffe économique, a lui aussi été un facteur déterminant dans cette relance. Or, il faut savoir que l'industrie bancaire chinoise est dominée par quatre grandes banques publiques qui contrôlent plus de 80% de la distribution de crédits et 90% des dépôts, et dont les dirigeants sont fortement "incités" à obéïr aux directives venant du pouvoir politique. Toute comme la Banque centrale qui applique une politique monétaire largement décidée par le gouvernement, ou fixée en concertation avec ce dernier.

    Les Chinois ont toujours été partisans d'une gestion prudente des ressources publiques, accumulant excédents budgétaires et réserves monétaires, en période d'expansion. Ils montrent aujourd'hui qu'ils maîtrisent aussi parfaitement les mécanismes de la relance budgétaire, mieux même que les Etats-Unis qui ont les premiers appliqué cette politique économique dans les années 1930. Si Keynes était vivant, il applaudirait des deux mains.

    ventes de voitures de tourisme en Chine en 2009        


    Tags Tags : , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :