• Dubai liquide un fonds souverain

    Comme le raporte l'agence financière Bloomberg, Dubai World, la holding diversifiée contrôlée par l'émirat de Dubai est en négociation avec plusieurs grandes banques internationales pour la restructuration d'une dette de près de 25 milliards de dollars contractée par sa filiale d'investissement Istithmar. Cette dernière devrait d'ailleurs être liquidée pour rembourser ses créanciers, au rang desquels on compte Barclays, Royal Bank of Scotland, ou Deutsche Bank.

    Dans le monde très feutré des fonds souverains du Moyen-Orient, où les décisions se prennent à l'issue de réunions quasi-secrètes, ce type de nouvelle fait très mauvais genre. Une publicité qui n'est pas très bienvenue alors que l'émirat de Dubai est confronté à la gestion d'une dette de l'ordre de 100% du PIB.

    Mais Istithmar était-il vraiment un fonds souverain au sens conventionnel du terme ? La réponse est non. Assurément non, à en croire la philosophie d'investissement, au petit bonheur la chance, dans des actifs de prestige - économiquement inopérants - tels des palaces new-yorkais, des marinas de luxe dans les caraïbes, ou encore le vénérable Queen Elisabeth II (!) qu'on projetait de transformer en hôtel de luxe (encore un). La réponse est encore non si on en juge des ressources de ce fonds d'investissement, constituées à plus de 90% de dette.

    La réponse est trois fois non si on considère le contrôle des risques, pour le moins défaillant. L'équipe de direction constituée de vétérans de la finance, pour la plupart des expatriés anglo-saxons recrutés à prix d'or, a eu les mains libres pour se lancer dans des investissements hasardeux au plus haut du cycle, avant que la crise financière ne vienne anéantir la rentabilité supposée des différents actifs achetés.

    Cette débacle illustre bien la faillite d'un modèle de gouvernance qui manque de transparence et qui rend très peu de comptes sur l'utilisation de l'argent public ou semi-public. Un modèle qui ne suscite pas de critiques tant que l'économie se porte bien, mais qui ne manque pas de montrer ses limites en phase de retournement. 

    Contrairement à beaucoup de pétromonarchies, Dubai a la chance d'avoir un leader visionnaire, le cheikh Mohamed Al Maktoum, qui a su diversifier l'économie, moderniser les institutions et ouvrir l'Emirat au monde extérieur, en attirant au besoin les professionnels les plus qualifiés grâce à des packages défiant toute conccurence et à un régime de paradis fiscal. L'inauguration il y a quelques jours du premier métro dans la région du Golfe (si on exclut celui de Téhéran) est un symbole de cette volonté de modernisation et d'ouverture.

    Il faut aujourd'hui aller plus loin et transformer l'essai, en misant sur la qualité plus que sur la quantité, et en réorganisant les structures de gouvernance et de prise de décision. En trente ans, par sa réussite économique, l'émirat de Dubai a prouvé qu'un pays arabe pouvait sortir du sous-développement et devenir une plaque tournante entre l'Orient et l'Occident. Au delà des difficultés conjoncturelles, il faut aujourd'hui faire appel au meilleurs compétences pour imaginer la place de Dubai dans le monde post-occidental qui se prépare.

     

     

     


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